je suis une jeune voleuse, si vous tenez à ce que je vous conte en quelques mots ma courte vie passée sur cette terre de souffrance, alors asseyons nous quelques instants dans la taverne en bas de l'escalier des quartiers et offrez moi une pinte de bière aigre.
Ma foi, une voleuse se doit de pas trop ébruiter ce qui pourrait permettre de l’identifier et la traîner au gibet. Vous me permettrez donc de rester un peu en retrait de votre table à moitié dans l’ombre et à moitié dans le contrejour violent que provoque le soleil en cette heure par la porte du repaire.
Ainsi donc, puisque vous voulez mieux me connaître, sachez seulement que lors d’une des nombreuses escarmouches opposant les forces de Tanédhel à celles dites du Bien, mon village fut mis à sac et détruit : pillage, viols, destruction et mort sont les souvenirs les plus anciens que je possède et qui remontérent hanter mes nuits bien des années.
Mes parents n’eurent point le temps de me cacher, et de me protéger, ils furent tués avant cela dans leur sommeil et je crois ne devoir la vie qu’au fait d’avoir été si jeune et petite car dans la paille de la couche familiale, nos assaillants ne me virent pas.
Livrée donc à moi-même à l'âge de 5-6 ans, je quittais le hameau qui m’avait vu naître après quelques jours d’errance à la recherche de subsistances laissées par les pillards dans les décombres.
Et, je suis partie, tenaillée par la faim et le froid à la recherche de jours meilleurs.
Je fus recueillie/capturée par une bande de mandrins qui malgré mon jeune âge m’épargnèrent peu et me rendirent taillable et corvéable à merci.
C’est à leur contact que j’appris les rudiments du vol et des larcins et que je me suis forgée l’opinion qu’en l’espèce humaine, peu de pitié est à attendre quelque soit les valeurs dont elle se réclame.
Dès que je fus en âge et en condition pour m’enfuir avec quelques espoirs de survivre, je quittais cette bande de marauds non sans leur avoir prélevé le salaire des années passées à leurs services et m’enfuis pour arriver à Bourgibus après quelques aventures et rencontres tout aussi étranges qu’empreintes de prophéties mystérieuses dont je ne souhaite vous dévoiler plus, car même si j’y croyais, cela resterai par trop dangereux pour vous d'en savoir plus.
Sachez simplement que c’est dans le royaume de Kredok que je rencontrais d’autres personnes de ma condition ou de mon infortune qui m’incitèrent à entrer dans une école bien étrange où mes aptitudes et compétences au vol furent développées.
Voilà l’histoire de ma vie. Elle n’est pas particulièrement teintée de gloire, de haut lignage, de richesse ou de faits de bravoure et ne semblait pas me destiner à réaliser de quelconques légendes ou prophéties. Elle est empreinte de souffrance morale et physique et m’a conduit jusqu’ici à vivre plus en marge de toute société, de tout combat, ou de toute cause autre que la mienne et à être en toute chose plus opportuniste que solidaire ou militante de qui ou de quoi que ce soit.
Et, rien ne semble me prédestiner à une noble action épique et héroïque à part quelques allusions d’un vieux fou régulièrement rencontré et quelques découvertes troublantes.
Sur ce, la foule du marché devant le château m’attire et l’ombre des ruelles environnante m’appelle. Je vous laisse, et, encore merci pour…
Mais vous le découvrirez bien assez tôt, le moment venu de régler ces quelques boissons commandées à l’aubergiste.
Mar 5 Juin - 23:15